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Parfois je me suis leurré à croire aux images positives de moi-même. Mais est-ce que le vrai courage ça serait d’avoir pris quelques risques dans l’ignorance de la protection d’un pédigré ? La fierté est une imposture, un privilège héréditaire. Je me suis même cru unique parfois, quand des approbations consanguines m’ont fait sortir la tête de l’eau. Au hasard des intersections avec les projections narcissiques parentales, à chaque validation inoffensive, j’ai gouté la dissonance, avalé du placebo. Chaque injonction aux luttes intestines, chaque itinéraire contre la montre, chaque identité qu’on assassine m’a fait intérioriser la honte d’avoir cru bien faire. Honte de l’antithèse entre ce que j’ai cru être et ce que je vois dans le miroir. Chaque seconde qui passe est une autocritique et plus je creuse plus je vois la gangrène. La honte d’avoir rien fait, de s’être toujours contenté de l’inertie. Est-ce que je vomis plus le fait de bénéficier de privilèges liés à une condition que j’ai pas choisie ou de vivre dans un monde qui s’en accommode ? Mais qu’est-ce qui fait que malgré tout ce qu’on a structuré pour se penser dominants on cherche encore à vivre en fuite ? Pourquoi est-ce qu’on multiplie tout ce qui s’apparente à l’autodestruction, aux addictions, à la procrastination, à la dissimulation de la vérité ? Qu’est-ce qui crée le sentiment pathologique de ne pas vouloir déranger, de concéder ce qu’il faut, d’être serviable docile et asservi ? Pourquoi est-ce que j’ai la conviction profonde de pas être à ma place, de ne pas appartenir à ce monde, que tout est de ma faute ? Parfois je regarde les autres en me demandant ce qu’ils savent de la haine de soi, après le dressage des corps qui ne sont rien, et si je suis si seul.
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